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HISTOIRE INDIENNE.

raient nos habitations. Ils respiraient ensemble, tous les soirs, avec la brise de Comorin, les feux du sentiment le plus exalté, parce qu’il était le plus pur et le plus malheureux.

Peu de mois suffirent alors pour changer la destinée de William et de Solamé. Cette famille, sans cesse occupée d’intérêts sérieux, n’aperçut pas ce qu’elle aurait peut-être prévenu, atténué du moins, par des conseils salutaires et courageux : mais tout fut négligé. L’abandon de la confiance, les apparences de l’amitié, dérobaient le danger de cette intimité. Je fus plusieurs fois pressé par ma conscience de réveiller M.lle d’Averney de ce songe funeste ; j’y étais décidé : mais j’en renvoyais toujours au lendemain la pénible exécution. L’état de langueur où vous jette ce climat qui fait une fatigue du regard et une action de la parole, enfin le découragement de moi-même, tout se réunit pour rendre mon silence excusable à mes propres yeux. D’ailleurs l’amour vrai porte aussi un caractère sacré qui commande le respect : cette noble affection de l’ame l’élève, et ajoute à la supériorité qu’exercent les êtres distingués sur tout ce qui les entoure.

Dès que j’essayais de me dérober à cette