Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
SOUVENIRS

fourmille. Si ces titres furent originairement la récompense de grands services, peu de pays virent naître plus de héros et de citoyens utiles que le royaume de Naples. L’Italie a toujours été couverte de gens qui portaient des titres. Le Tassoni fait tuer par un de ses héros trente marquis dans un seul combat :

Uccise di sua man trenta marchesi :
Pero che i marchesati in queste bande
Si vendevano allor pochi tornesi ;
Anzi vi fù chi, per mostrarsi grande,
Si fe’ investir d’incogniti paesi
Da un tal signor che, per cavarne frutto,
I titoli vendea per un presciutto.
(Secchia rapida, cant. vii, st. 21.)

C’est à Naples que Rome ancienne et l’Europe moderne doivent la première idée de ce polichinelle qui fait le bonheur de l’enfance et obtient un sourire de tous les âges. Une peinture trouvée à Herculanum, et qu’on revoit aussi sur plusieurs vases, rappelle ce personnage comique : au-dessous était écrit, civis atellanus. La pose, la physionomie du polichinelle antique, sont d’un burlesque achevé. On peut penser que ce bouffon louait des rôles dans ces atellanes si bien accueillies jadis par la jeu-