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SOUVENIRS

naise, toutes les fois que le vent détournait les vapeurs sulfureuses et les tourbillons d’une fumée noire et rougeâtre. Un rocher d’une forme pyramidale demeurait isolé au milieu du cratère ; sa base semblait être de soufre, son sommet d’un rouge pur, et des bandes, des efflorescences de toute couleur lui formaient une couronne éclatante. Nous montions nous descendions dans la cendre, les scories, le mâchefer : à nos pieds coulait une source d’eau chaude ; plus loin un ruisseau de laves enflammées descendait lentement vers Resina. La nuit était obscure, orageuse ; sans voir la mer, on l’entendait au loin se briser sur le rivage. Ici la pensée n’est qu’une prière ; tout disparaît devant celui qui créa les mondes, et dont la toute-puissance montre un fleuve de feu à la Campania felice.

J’allai le lendemain me reposer à Baïa, au port de Baouli, et dessiner le lointain de Procita, d’Ischia et du cap Misène. Assis sur la colline qui domine les champs Élysées, j’étais entouré de chèvre-feuilles, d’aloès, de genets, de figuiers, dont les parfums se réunissaient pour embaumer l’air. Des milliers d’insectes bourdonnaient autour de moi, de gros lézards sortaient des