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SOUVENIRS

de la physionomie de ses habitans et son caractère prononcé, qui justifient si bien toutes les fatigues d’un voyage entrepris à la recherche de sensations nouvelles.

Palerme a peu de rapport avec les villes d’Italie ; plusieurs palais, ses églises, me rappellent Burgos et Valladolid : l’ensemble des habitudes, des mœurs, complète la ressemblance castillane. Je débarquai sur le quai du port à six heures du soir : un ballon venait d’être lancé ; il ne devait pas aller très-loin : mais c’était une nouveauté pour les Palermitains, qui se livraient à la joie la plus vive et la plus bruyante. Je me réfugiai sous la protection d’une calèche qui cheminait lentement, afin de ne pas être entrainé par une foule d’abbés, de militaires, de lazzaroni et de femmes à demi voilées. Deux moines franciscains, assis sur le devant de cette voiture, prenaient des glaces en causant avec une grosse dame coiffée d’un chapeau surmonté de plumes. Quelques coureurs[1] mal tenus entouraient

  1. Selon Talamanca, il n’y avait à Palerme, en 1550 ou 1551, que trois voitures nommées alors charrettes, et l’usage n’en commença qu’à cette époque à l’occasion du mariage de la fille du vice-roi, Jean de Vega, avec le duc de Bivone.