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SOUVENIRS

reprend ensuite ses droits, la pantomime est si pressée, les doigts deviennent des auxiliaires si rapides, que le regard peut à peine les suivre. Le Cassero, principale rue de Palerme, offre ainsi des scènes continuelles, toutes comiques et toujours variées. Les rues sont encombrées de moines de tous les ordres. On ne rencontre que des figures coiffées d’un capuchon, d’une calotte, d’un petit chapeau triangulaire, les bras croisés, l’œil contrit, l’air composé : chacun envie un regard de ces bons religieux, et s’approche respectueusement pour leur baiser la main.

Palerme est coupée par deux grandes rues, et le point central où elles se rencontrent, forme une place octogone. La décoration de cette place, qui date de 1592, sous le règne de Philippe III, rappelle le style florentin ; elle a de la magnificence, mais elle ne saurait soutenir un examen sévère. L’une de ces rues, qui va de la mer à la campagne, porte indistinctement le nom de Cassero ou de Tolède. Cassero[1] vient probablement de l’arabe el cassar soit parce que

  1. On peut croire aussi que ce nom lui vient du sacrifice que fit le duc de Cassero en laissant abattre son palais pour qu’on put prolonger et embellir cette rue.