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SOUVENIRS

J’ai retrouvé ici dans les loges la même monotonie d’habitudes, de visites et de causeries, que dans tous les palchi[1] des théâtres de l’Italie. Le bon ou le mauvais succès de la chanteuse, l’opéra qu’on attend, la température de la journée, font seuls les frais de la conversation : les mêmes sujets se traitent ainsi par-tout avec le même éclat et à la même heure.

Quel doux repos que celui dont on jouit dans le jardin du monastère de Maria di Giesù, à environ deux milles de Palerme ! Ce couvent est adossé à une montagne dont la pente est douce ; le coteau, couvert d’une herbe épaisse, est planté de cyprès, de pins, d’orangers et de grands aloès : des terrasses couvertes de treilles sont pratiquées au milieu de cette forêt ; des sources abondantes tombent en cascades, et forment, à chaque étage de ces terrasses, des bassins d’une fraîcheur délicieuse.

Oblitusque meorumIllie vivere vellem,
Oblitusque meorum, obliviseendus et illis,
Neptunum procul è terra spectare furentem.
(Horat. Epist. lib. i, ep. xi. )

La pureté de l’air, le son de la cloche du

  1. Loges des théâtres.