Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/375

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il me semblait que toute la nature devait s’émouvoir pour me soulager ; mais aujourd’hui j’admire avec une humble reconnaissance que Dieu en ait tant fait pour moi. [Ce bel ordre devrait-il être rompu ? Et pour qui ? Pour toit chétif vermisseau ? O folie ! O arrogance ! O crime (+).] Autrefois, en contemplant la voûte magnifique du firmament, je me disais à moi-même avec une ridicule vanité : il faut que tu sois quelque chose de bien distingué puisque de pareils objets ont été faits pour te recréer et que toute la nature n’est destinée qu’à ton service. Je suis, continuais-je dans ma folle et vaine ignorance, je suis le seul être pour la satisfaction duquel le Tout-Puissant a construit l’édifice de l’univers et y a établi l’ordre qu’on y observe. A présent je suis certain que je tiens le moindre rang parmi une multitude innombrable de créatures pour l’usage et pour le plaisir desquelles ce monde a été créé. Et peut-être n’y aurait-il qu’une légère différence dans l’état présent des choses quand le genre humain tout entier aurait été exclu