Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/404

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qui fait un sourire de Juif quand il entend dire que la raison, le goût et la vertu sont les principes du véritable bonheur, un tel homme est si ravi de la possession de son argent, qu'il ne comprend pas comment l'on peut donner ses foins à d'autres objets. Il déplore la folie de ceux qui consacrent leurs veilles à l'acquisition de la vérité. C'est lui seul qui thésaurise heureusement. Et l'homme du monde comment envisage-t-il les choses ? Il se moque des spéculations du philosophe et méprise celui dont il est méprisé à plus juste titre. Il est le seul, dans son opinion, qui fasse un bon usage de la vie. Ne voyons-nous pas ici des preuves sensibles de la bonté divine à l'égard des hommes, en ce qu'elle n'a pas eu soin seulement des grands esprits, mais aussi des âmes les plus faibles ? Que seraient ces, pauvres gens qui ne sont capables d'aucune connaissance distincte et qui forment pourtant le plus grand nombre? Que seraient-ils dans ce monde, si l'on n'y trouvait pas ces objets seuls capables de leur procurer quelque satisfaction ? Oui, Dieu n'a pas eu moins de soin des âmes du plus bas ordre que de celles du rang le plus élevé. Elles font soutes ses