Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/411

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s'ils suivaient leur nature. Qu'ils sont malheureux au contraire de tenir une conduite qui y répugne ! Malheureux encore les enfants que leurs pères forcent d'embrasser un genre de vie que leur naturel rejette. De là toutes ces plaintes que les hommes font sur la misère de leur sort et l’on peut dire que c’est proprement ici la source de leur peine. Qu'est-ce qui a fait tomber notre premier père dans la révolte contre son Créateur ? C’est d'avoir voulu devenir son propre maître et s'élever contre sa propre nature au rang de Dieu. Magistrats sans capacité ! Médecins sans expérience, qui ouvrez tous les jours des fosses sous vos pas ! Pitoyables auteurs ! Poètes sans verve ! Prédicateurs mondains ou grossiers, auxquels il siérait beaucoup mieux de manier l’épée ou de conduire la charrue que de monter en chaire ! Vous faites tous votre métier en dépit de la nature. En la suivant vous auriez été des objets d'admiration, ou du moins vous ne seriez pas tombés dans le mépris.

Que nos premiers soins aient donc pour objet l'étude de notre nature. Ne perdons jamais de vue la nécessité d'examiner,