Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/432

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Avec un semblable tour d'esprit on ne saurait découvrir beaucoup d'ordre et de sagesse dans le monde. On considère, par exemple, les pays qui sont situés dans le voisinage des deux pôles. Là règne pendant la plus grande partie de l'année un froid excessif qui en éloigne les hommes et les animaux ; là se trouvent des montagnes couvertes de neiges et de glaces éternelles ; là existe une mer, qui n’est jamais navigable. Le partage du jour et de la nuit y paraît tout contraire à l'usage que les hommes sont appelés à en tirer. En un mot la nature semble y avoir oublié tout à fait son ordre et son art. Qu'il serait agréable de rencontrer dans ces contrées le même partage de la chaleur et du froid, la même division de la lumière et des ténèbres, la même fertilité que nous offrent les zones tempérées ! De cette manière les redoutables régions polaires deviendraient habitables et utiles aux hommes ; au lieu qu'en vertu de leur état présent une partie considérable de la terre se trouve réduite en un désert éternel. Ainsi juge l'homme de courte vue. Il prononce tout de même sur les inégalités de la surface du globe terrestre et à la vue des montagnes prodigieuses et