Page:Forneret - Lettre à M. Victor Hugo, 1851.djvu/10

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vous prie, qui donc force ce peuple en masse, cette foule innombrable de se presser autour de l’instrument qu’on peut appeler réparateur, soit pour le corps de l’arbre social, qui perd un de ses membres vermoulus, soit à cause des bonnes branches qui en ont été coupées par un bûcheron criminel ?

Vous ajoutez que les gens accourus pour assister à cette représentation hideuses s’écoulent, après la dernière péripétie, — en silence et indignés du mode de supplice infligé. Nous, nous traduisons autrement ce silence et ces marques d’indignation peintes sur tous les visages ; il nous semble que tout cela signifie : — stupéfaction et consternation profitables à la religion et aux hommes, car il est arrivé que plus d’un grand pécheur est mort sans se repentir et sans vouloir embrasser le Christ qui l’appelait à lui !  !…

Raison déterminante pour que la terre soit purgée de pareils êtres !

Au surplus, que chacun fasse comme nous, qui n’avons jamais mis le pied sur le lieu d’une exécution capitale, et la loi s’accomplira seule et majestueuse ; seule dans sa profondeur, majestueuse dans son inviolabilité !

Oh ! que ceux qui sont en opposition avec nos idées, osent donc nous répondre qu’un homme qui tue une jeune fille de 14 ou 15 ans qui se débat sous d’infâmes transports pour sauver son honneur et celui de sa famille ; qui, après qu’il l’a tuée, assouvit sa passion brutale, honteuse, inqualifiable ; qui, après qu’il est satisfait, coupe en morceaux cette jeune fille ; qui, après qu’elle est coupée, va en jeter dans une mare d’eau les débris qui sortent d’une mare de sang ;