Page:Forneret - Ombres de poésie, 1860.djvu/246

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Par respect du salut heu, te laissa vivre entier,
Tandis qu’elle aurait pu, dû (peut-être) te rendre
Pour le sang précieux que tu venais de prendre,
La mort pour ton forfait, sur ce même carreau
Où tu t’étais conduit en si cruel bourreau !…

Mais quatre murs épais serrent ta conscience
Et attendant ton heure… et là-haut ta présence…
Dieu te demandera compte d’une action
Pour laquelle ou ne peut présumer de pardon ;
Dieu, malgré sa bonté, se montrera sévère,
Il aime ses enfants, et punit… en vrai père.

Tremble donc, grand Pécheur ; tu t’es ensanglanté,
Quand tu devais fléchir devant la charité !

Charité, don du ciel, que pratiquait sans cesse
Pour Tous, même pour toi, cette noble vieillesse
Qui s’affaissa mourante au coup du criminel,
Pour ne plus respirer qu’au sein de l’Eternel !

Et qu’on ne dise pas que tu perdis la tête,
Non, tu calculas tout… ta cruauté fit fête…
Tu saisis le moment favorable… et soudain
Un poignard monstrueux s’élança de ta main.