Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XI

le complot


Un jour le traître de Saint-Denis se promenait sur le perron du magasin. Il leva la tête avec énergie et se dit à lui-même :

— Si je réussis à faire passer Paul Turcotte pour mort, cela m’avancera beaucoup… Il faut d’abord interrompre sa correspondance, et ce n’est pas au maître de poste que je m’adresserai… Je parlerai à son fils Antoine… le jeune homme aime l’argent et je suis capable de lui en fournir. Ah, Charles Gagnon n’est pas fou et bien fin qui s’en jouera !…

Après ce raisonnement la physionomie du traître devint radieuse. Il entra dans le magasin. Une pratique entra et lui dit :

— Tenez, Monsieur Charles, je vois que les affaires vont bien : vous êtes trop de bonne humeur.

— En effet nous n’avons pas à nous plaindre, répondit le traître, le commerce va assez bien, Dieu merci.

Le bureau de poste était chez le cinquième voisin. Charles y allait tous les jours et la correspondance des Gagnon était assez volumineuse à cause de leur commerce.

Pierre Martel, le maître de poste, était un homme de cinquante ans. Depuis douze ans il remplissait ces fonctions. Durant les troubles il avait failli perdre sa