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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/102

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les mystères de montréal

— Toujours ; répondit Antoine, c’est plutôt ennuyeux que fatiguant. Aussi on est payé en conséquence.

— Le salaire n’est pas élevé ?

— Pas pour la peine… on voit que le gouvernement paie des Canadiens-français ; cependant le salaire augmentera avec le village.

— Oui et tu finiras par avoir un bon prix.

— C’est dans cet espoir que nous continuons. Sans cela nous aurions abandonné la besogne l’automne dernier.

On ne parla pas longtemps sur le même sujet. On passa aux filles de la paroisse et cette après-midi là les oreilles doivent avoir tinté à Ameline Lanctôt, à Anastasie Jacques, à Exilda Bourdages et surtout à Jeanne Duval.

— Oui, mais celle-là, mon vieux, n’est pas pour nous autres, dit Antoine en parlant de la fiancée du proscrit.

Ces paroles furent des dards aigus qui percèrent le cœur du malheureux Charles. Il cacha l’amertume qu’il ressentait et répondit par une plaisanterie.

— Non, fit-il, elle se réserve pour un Américain qui ne reviendra jamais au pays

— Pour un marin.

— Oui, un marin, mais Paul ne doit pas s’être engagé comme simple matelot : il est trop habile pour cela.

— En effet, répondit Martel, il doit avoir un grade. Mais tu sais qu’il a changé de nom.

— Oui, mais je ne sais pas pour qui.