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les mystères de montréal

mystère que les hommes du bord essayaient en vain de pénétrer.

Interrogé maintes fois sur ce sujet, le second répondait d’une manière évasive qu’il avait autrefois habité l’Acadie et qu’étant devenu orphelin, n’ayant plus rien qui le retenait au pays, il s’était fait marin.

Il se donnait le nom de Nicolas Houle et son parler trahissait en effet son origine française.

Le capitaine Smith se souvenait de l’avoir engagé à Portland, dans le Maine, trois ans auparavant comme matelot.

Une après-midi qu’une partie de l’équipage composé presqu’en entier de Canadiens-français des bords du Saint-Laurent, prenait son repos, André Saint-Amour, un matelot, dit aux autres :

— Ah ça ! nous avons un type de second : bon marin, je veux bien croire, mais incompréhensible.

— Oui, répondit Longpré en penchant la tête d’un air pensif, nous avons en effet un contre-maître énigmatique. Et avez-vous jamais pensé vous autres à ce qu’il était avant d’être parmi nous.

— Pour ma part je me suis souvent posé cette question, reprit Roch Morin… Je pense que nous avons comme second un individu sous le coup de la loi et caché sous un faux nom… Car on n’a pas l’air suspect pour rien…

— Comment ; demanda le capitaine, Houle a-t-il repris sa mine de condamné à mort ?