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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/121

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les mystères de montréal

Le second du Marie-Céleste approcha sa chaise de celle de Chesterfield et dit sur un demi-ton :

— Dites-moi donc ce que c’est que ce Blackador.

— C’est un pirate redoutable, fort comme un lion et effronté comme un jaguar. Voyez le ici : eh bien il ne sortira pas avant de s’être battu car il veut rencontrer son maître qu’il n’a pas encore rencontré.

Houle écoutait et mesurait du regard le nouvel arrivé encore appuyé sur le cadre de la porte.

C’était en effet un homme terrible que cette terreur de la mer des Caraïbes. Il était d’une taille colossale et avait une figure si féroce que le plus audacieux des Porto-Ricains n’osait l’approcher.

Sa figure pivelée, encadrée d’une barbe et de cheveux roux offrait un aspect farouche que la pâleur de son costume de toile blanche faisait ressortir davantage.

Longpré et Saint-Amour riaient sous cape en entendant parler l’officier de La Dominica. Sachant que leur second était bon pour lutter contre n’importe lequel individu, ils auraient donné leurs salaires d’une semaine pour le voir entrer en lice avec ce Blackador.

À ce moment le pirate s’avança dans la salle et s’assit à une table avec deux de ses compagnons.

On leur servit un carnero de jamaïque puis un deuxième, puis un troisième. En buvant ils examinaient les clients attablés.

Il y en avait environ quatre-vingt. Comme il passait neuf heures le plus grand nombre des matelots