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les mystères de montréal

main au collet et le reconduisit jusqu’à la porte de l’hôtel en disant

— Dorénavant quand tu viendras à l’« Aquila Bianca » ne sois pas si fanfaron.

Le pirate alla tomber au milieu de la rue et ses deux associés, qui s’étaient confondus dans l’assemblée, sortirent par une porte dérobée.

Blackador après être sorti de l’« Aquila Bianca » suivit une rue qui se termine en dehors de San-Juan. Son marché saccadé, tantôt précipité, tantôt lent, son silence absolue et ses poings crispés montraient à quelle colère il était en proie.

C’est ainsi qu’il arriva dans la campagne, suivi toujours de ses deux compagnons, Remo et Carl, sans qu’aucun ne lui eût adressé la parole.

— Capitaine, dit enfin Carl, le Canadien est un homme qui se rencontre deux fois.

— Oui, mais pas plus, répondit le chef pirate.

— C’est cela, reprit Remo, et je parierais mille centavos que le dernier mot de l’affaire n’est pas dit.

Les pirates, dans un nouveau silence, longèrent la mer sur un parcours de quatre milles.

Arrivés sur le bord d’une baie cachée dans les anfractuosités des rochers et visible seulement pour ceux qui la savaient là, ils s’arrêtèrent. Une corvette dont les feux étaient éteints se balançait au large.

Le capitaine Blackador tira un sifflet de sa poche et en fit entendre trois coups de plus en plus prolongés.

C’était le signe conventionnel : aussitôt un matelot