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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/135

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les mystères de montréal

après ce qui s’est passé hier soir à l’« Aquila Bianca » on a raison de croire à une trame.

En même temps il s’approcha du prisonnier et lui dit en espagnol :

— On te connaît, tu es un pirate de Blackador ; si dans cinq minutes tu n’as pas parlé, ton cadavre se balancera à la vergue d’artimon, avant le lever du soleil.

Une lutte se faisait dans le pirate. Devait-il trahir ses compagnons de crime ou s’exposer à périr lui-même ?

Ne cherchez pas le dévouement dans ces hommes dépravés par des années de débauche ; l’égoïsme est leur règle de conduite habituelle.

Aussi ce n’était point par dévouement que Marco hésitait à trahir ses compagnons ; il avait peur de s’exposer au courroux de Blackador. Il se tut, tâchant de retarder les choses le plus possible, attendant du secours.

Ses cinq minutes agonisaient. Ce fut alors seulement qu’il résolut de parler, d’autant plus que ce Blackador si habile, si rusé, saurait bien se tirer d’affaire encore une fois.

— Capitaine, dit-il, on ourdit une trame contre ton équipage… On devait le maltraiter cette nuit… J’étais chargé d’assassiner ton matelot de quart, quand j’ai été arrêté… Blackador veut se venger d’une insulte de ton second…

— Et les autres hommes du Fantasma ?

— Ils sont à dix encablures d’ici… Prends cette