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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/154

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les mystères de montréal

— Avoue avec moi qu’il avait de drôles idées. Il s’est conduit bien étrangement : ainsi au lieu de s’enfuir à la veille du procès de ton père il aurait pu témoigner en sa faveur…

— Ah si tu veux me faire plaisir, interrompit la jeune fille, ne parle pas de cela. Paul Turcotte est mort, respecte sa mémoire quels qu’aient été ses torts…

Depuis ce jour le traître se rendit assidûment chez la veuve Duval.

Et deux mois plus tard ceux qui assistaient à la messe à Saint-Denis, ce dimanche-là, se poussaient du coude en entendant le curé faire la publication suivante :

« Il y a promesse de mariage entre Charles Gagnon marchand de cette paroisse, fils majeur de François Gagnon et de Justine Ouimet d’une part ; et de Jeanne Duval, aussi de cette paroisse, fille mineure de feu Matthieu Duval en son vivant notaire, et d’Anna Bibeau d’autre part. Ce banc est pour la première et dernière publication. Ceux qui connaissent quelqu’empêchement à ce mariage sont tenus d’en avertir au plus vite. »

Un homme assis dans le dernier banc de la nef principale murmura entre ses dents :

— Moi, j’en connais et j’avertirai à temps !…

C’était Antoine Martel.