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les mystères de montréal

Une des premières choses que font les marins en arrivant dans un port est de parcourir les journaux pour avoir des nouvelles.

Parmi celles que le capitaine du Marie-Céleste lut il en fut une qui le frappa vivement, il échappa le journal et se parlant à lui-même dit comme le gagnant du gros lot à la loterie.

— Bon… enfin… enfin…

Ayant ramassé le journal il lut entre deux tons pour mieux comprendre, les lignes suivantes :

« Le gouvernement canadien vient de voter un décret d’amnistie en faveur des patriotes exilés durant les troubles de 1837-38. »

— Conclusion pratique de tout cela, dit le marin mystérieux en se pâmant de rire, c’est que demain, c’est que tantôt, le capitaine du Marie-Céleste ne s’appellera plus Nicolas Houle, mais il aura repris son vrai nom il sera redevenu Paul Turcotte !…

Oui, Nicolas Houle, cet homme sombre, ce marin mystérieux, c’était le premier fiancé de Jeanne Duval. Depuis son départ de Saint-Denis il menait une vie des plus accidentées. Depuis deux ans il était sans nouvelles de sa fiancée. C’était à dater de cette époque qu’il s’était assombri davantage et qu’il avait semblé offrir sa vie à tous les dangers.

On a compris pourquoi il avait changé de nom. Quand il était venu s’engager à bord du Great-America deux ans auparavant, il avait trouvé le