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les mystères de montréal

vous répugne d’être sous mes ordres. Vous ne savez pas qui je suis et vous avez raison de penser qu’avant d’être ici je pouvais avoir fait quelque mauvais coup. Je vais essayer ce soir de vous tirer de vos doutes… Je ne m’appelle pas Nicolas Houle, comme vous vous en doutez ; je suis ce Paul Turcotte, ce patriote de 1837 que le capitaine Smith a si souvent blâmé parce qu’il avait tué son fils sur les bords du Richelieu

Les marins se regardèrent étonnés. Ils étaient presque tous Canadiens-Français et avaient entendu parler des troubles de 37-38 et des personnes qui avaient joué les principaux rôles.

Saint-Amour demanda :

— Comment, seriez-vous par hasard le lieutenant du défunt notaire Duval, celui qui a sauté du quatrième étage de la prison de Montréal ?

— Tu l’as dit, Saint-Amour, j’étais le lieutenant de l’infortuné notaire Duval.

Saint-Amour pencha la tête et ne parla plus.

Turcotte avait souvent eu occasion de remarquer qu’il parlait plus que les autres des évènements de 37-38 ; souvent même il avait prononcé le nom de Paul Turcotte, sans savoir que ce Paul Turcotte dont il vantait tant l’audace, le courage et le patriotisme était celui-là même à qui il parlait.

Quand le premier moment de surprise créé par cette révélation fut passé, Saint-Amour reprit la parole.

— Capitaine, fit-il, puisque vous nous dévoilez ce