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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/168

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les mystères de montréal

faire des révoltés ? demanda Covinton en s’adressant au capitaine.

— Non, répondit celui-ci.

— Il aurait les envoyer sur l’île d’Anticosti et les abandonner à eux-mêmes. Vous auriez vu si ces tueurs auraient vécu longtemps. Au printemps de 1839 on les aurait trouvé gelés.

— Vraiment, vous pensez juste et c’est ce qu’il leur aurait fallu.

— Puisqu’ils n’étaient pas contents du pays dans lequel ils vivaient, il fallait leur en donner un pire.

— C’eût été une excellente leçon.

— Et peut-être que nous aurions été à jamais débarrassés de ces Canadiens-français, reprit Covington en offrant un cigare au capitaine.

— Oui, et nous avons laissé passer une belle occasion.

— Nous nous reprendrons un jour espérons-le, car enfin ce pays nous appartient et les Canadiens-français ont été bien audacieux en voulant dicter des lois… Aussi je me propose de n’avoir aucun rapport avec ces gens-là… Malheur à ceux qui se présenteront chez moi, ils passeront un mauvais quart d’heure, car je les traiterai comme des lâches qu’ils sont…

L’homme au teint bronzé s’était arrêté pour écouter la conversation de ces deux loyaux sujets de Sa Majesté … Il fronçait le sourcil et se mordait les lèvres. Son sang bouillonnait dans ses veines et lui montait à la figure. De temps en temps il passait la main dans sa