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les mystères de montréal

serait devant le bureau de poste. Il y aurait alors consultation.

Retourné chez lui et appuyé sur le cadre de la porte il n’attendit pas longtemps. Il vit un nuage de poussière s’élever sur le coteau et reconnut le trot de John, le cheval favori des Gagnon.

John passait pour une des plus fines bêtes des environs de Montréal. C’était en outre un excellent trotteur et tel il était ce matin là avec sa tête pavoisée, son harnais argenté, tel il était un an auparavant à la course du comté où il avait remporté le premier prix.

Le père François Gagnon faisait bien les choses ; il n’avait rien épargné qui put donné un air de fête à la voiture du marié. La barouche était vernie depuis l’avant-veille et au vieux siège égratigné et étroit avait succédé un beau siège neuf et large.

Les habitants disaient en voyant passer le futur avec son père.

— Sapristi… qu’ils sont farauds les Gagnon !… on dirait qu’ils vont chercher l’évêque… Ça va être une noce comme on en voit rarement par ici et mademoiselle Jeanne aura un mari qui ne lui fera pas honte…

Les deux marchands saluaient en souriant. Arrivés devant le bureau de poste, Antoine leur fit signe d’arrêter :

— Une minute, fit Charles en sautant à terre, une lettre pressée sans doute.