Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
les mystères de montréal

retira une poignée d’écus. Les yeux du juif brillèrent. Il tendit sa main crochue et reçut douze écus bien comptés.

Cinq minutes après, Buscapié était de retour dans la chambre du No 38 rue Sanguinet, et faisait des conventions avec Jos Matson.

— Comprends-moi, lui disait-il entre deux tons : quelles que soient les circonstances il me faut cette femme qui est à bord du Marie-Céleste… Je pourrais faire comme je fais ordinairement, fondre sur le navire, massacrer l’équipage et m’emparer de la femme… Mais non, le Marie-Céleste voyage sous le pavillon américain… Cette nation est à bout de mes tours d’audace… Cependant n’épargne rien… Adresse-toi de préférence aux gens non mariés — que rien n’attire vers le pays — leur représentant l’avenir aventureux, plein de plaisir qui les attend… dès que tu auras deux ou trois hommes pour toi, cela suffira… Cette fiole et cette poudre feront le reste : ce sont des narcotiques puissants qui plongent dans un profond sommeil celui qui les respire quelques secondes… Il faut que les marins du Marie-Céleste — ceux que tu n’auras pu gagner — n’aient pas connaissance de ce qui se passera à bord… En un mot il ne faut laisser aucune trace de notre passage sur le Marie-Céleste… autrement c’en est fait de nous…

Le petit homme tendit à son compagnon une petite fiole soigneusement cachetée et contenant un liquide