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les mystères de montréal

tentative de vol à New-York. De nouveau il allait se lancer dans une entreprise qui n’était pas la moins hasardée ni la plus facile. Il ne parlait pas mais pensait. Il dit seulement en changeant d’habits.

— Capitaine, je ne demande qu’une chose, si je survis à cette entreprise hasardée, si je retourne sur le Solitaire rappelez-vous que j’aurai risqué pour vous ma liberté, ma vie…

— J’ai risqué ma vie pour toi, Matson, tu t’en es souvenu, tu risques ta liberté pour moi, je m’en souviendrai… La prochaine fois que je te serrerai la main je la serrerai au second du Solitaire.

Alors Jos Matson rabattit son chapeau sur ses yeux, sortit de la maison sans être remarqué, descendit la rue Sanguinet jusqu’à la rue Craig en marchant le long des maisons, traversa le Champ-de-Mars, descendit la Place Jacques Cartier et arriva au quai Bonsecours.

Jos vit, comme son maître le lui avait dit, qu’on mettait la dernière main au chargement du Marie-Céleste.

S’étant approché des travailleurs, il demanda à voir le capitaine. Un matelot l’introduisit à bord et le conduisit à une cabine.

— Vous êtes le capitaine ? fit Matson en se décoiffant devant un homme qui écrivait sur une petite table.

— Oui, répondit l’interrogé, qu’est-ce qu’il y a ?

— Je viens vous demander de m’engager pour le temps de la traversée… Ma famille habite Barcelone. J’ai quitté le pays il y a six mois pour venir tenter fortune en Amérique… Mais aujourd’hui je suis