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les mystères de montréal

diens-français des environs de Québec, de deux Danois, d’un Norvégien et d’un Allemand.

Les Canadiens-français étaient très attachés à Paul Turcotte, surtout depuis qu’il leur avait raconté dans le port de Saint-Jean de Terreneuve ses aventures de 37-38. Ils appartenaient à des familles pauvres mais honnêtes.

Matson vit qu’il serait difficile de semer la discorde parmi eux. Quant aux matelots étrangers, ils appartenaient à cette classe de vagabonds qui n’ont ni patrie ni famille, qui font tous les métiers, qui s’engagent sur un navire si l’on veut les engager, sans souci du pavillon sous lequel ils voguent : braves gens du reste mais sans religion et sans morale.

Ce fut l’opinion que Matson eut de ses compagnons. Peu d’espoir du côté des Canadiens-français, si ce n’est dans le narcotique : quant aux étrangers, avec des promesses et de l’argent on en viendrait à bout.

À bord on était satisfait de la conduite du nouveau compagnon, et le capitaine disait que c’était un bon matelot.

Le soir du cinquième jour après le départ de Montréal, le Marie-Céleste perdait de vue les côtes de Terreneuve. L’équipage était resté sur le pont à regarder les lumières des phares qui disparaissaient les unes après les autres comme des cierges qu’un enfant de chœur éteint après le salut du soir.

Auger appuyé sur le bastingage chantait d’une voix