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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/248

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CHAPITRE IV

une histoire de revenant


I


Il y a de cela quinze ans mais c’était tout comme ce soir, excepté que nous étions à deux cents lieues en bas de Québec. L’étoile polaire brillait du côté de Natasquan, et là-bas la petite Ourse était à son poste. Le vent soufflait aussi, moins fort que ce soir, plus froid cependant, car nous étions à la Sainte-Catherine et l’automne était dur…

Nous remontions à Tadoussac à bord du Découvreur — un brick de 100 tonneaux qui a péri corps et bien, l’année dernière sur le Rocher Percé, — de retour de la pêche au hareng sur le banc de la Grande Miquelon. Ayant vendu la cargaison à un commerçant américain, nous n’avions gardé à bord que deux barils, juste de quoi manger en remontant.

Notre capitaine s’appelait Jean Thibault, un Canadien-français, mais une espèce de brute, ne craignant ni Dieu, ni diable, qui avait parcouru toutes les parties du monde et qui était venu échouer capitaine du Découvreur.

Il ne voulait pas s’embarrasser d’une femme, pour mieux faire la cour aux jolies filles de la côte, quand le vent faisait défaut.