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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/256

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les mystères de montréal

mon canif et la reposer ensuite sans que personne n’en ait connaissance, si tu ne vas pas le dire…

— Bérubé, vous me connaissez, vous savez que je ne suis pas un bavard.

Le second ne fut pas lent à commencer son ouvrage.

À mesure qu’il avançait, il se dégageait de la boîte une odeur fétide de cadavre putréfié.

Bérubé put bientôt soulever le couvercle…

Nous reculâmes : moi épouvanté, mon compagnon surpris.

Une tête humaine, tombant en décomposition, s’offrait à nos regards : elle avait les yeux ouverts et braqués sur nous qui la dérangions dans son sommeil. On reconnaissait la tête d’un chef Montagnais du Labrador… d’un homme dans la force de l’âge…

Alors je me rappelai ce personnage mystérieux, cet inconnu que j’avais vu deux semaines auparavant dans cette même cabine. Non je n’avais pas rêvé et on ne m’avait pas joué un tour.

Je devins glacé et je fis part de ce souvenir à Bérubé.

— Tais-toi, fit-il, avec tes histoires de grand’mère, ce n’est pas le temps de conter cela.

Il prit la tête par les cheveux et la sortit complètement. Elle était bien effrayante à voir. Elle avait été coupée au milieu du cou par un instrument tranchant et tout le sang en était sorti, ce qui faisait qu’elle était d’une pâleur jaune.

Le second me demanda comment elle se trouvait là.