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les mystères de montréal

Mais une scène plus saisissante nous attendait.

Là, devant nous, pâle et triste, venait d’apparaître le capitaine Thibault, adossé à un poteau, dans la position que je l’avais souvent vu au pied du grand mât quand le Découvreur filait, par une bonne brise…

— Comment, capitaine, vous ici cette nuit, par quel hasard ? fis-je en m’avançant vers lui.

Au lieu de répondre, mon capitaine se voila les yeux avec sa main et soupira douloureusement.

— Capitaine, lui demandai-je une deuxième fois, que signifie cela ? Est-il arrivé un malheur ?…

Même réponse.

— Capitaine Thibault ! repris-je une troisième fois, vous m’effrayez… s’il est arrivé malheur avez-vous quelque chose à nous reprocher ?…

Thibault était toujours dans la même position, il ne répondait pas… Je ne remuais pas d’un pouce… j’étais cloué sur place…

Le fantôme de tantôt revint dans la cabine, accompagné cette fois-ci d’une cinquantaine d’autres semblables à lui et de tout l’équipage du Découvreur.

Les sauvages attachèrent Thibault au poteau et le capitaine tendait les bras à ses matelots dans l’impossibilité de le secourir…

Au-dessus du poteau jouait un être fantastique, épouvantable, noir, qui riait d’un rire sinistre, qui faisait des grimaces et qui cherchait par tous les moyens possibles à saisir Thibault avec ses griffes pointues…

Soudain un nuage enveloppa tout ce groupe…