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les mystères de montréal

ner leurs idées, plutôt que de résister au gouvernement.

— Oui, au gouvernement, fit Paul Turcotte d’une manière qui peignait bien le mépris qu’on avait pour la clique qui était à la tête du pays.

Duval continua :

— Ces gens-là, je respecte leurs idées, sans doute, mais que ne comprennent-ils la destinée d’un peuple.

Le notaire et son lieutenant parlèrent encore longtemps sur ce sujet et vers dix heures la porte de la maison s’ouvrit toute grande pour laisser passer une soixantaine d’hommes, la plupart dans la force de l’âge, grands et robustes.

C’était Bourdages, Patenaude, Mandeville, Laflèche, Allaire, Dupont, etc., etc., des cultivateurs, comme l’indiquait leur accoutrement.

Sans orgueil ils étaient vêtus d’un pantalon et d’une blouse taillée dans une étoffe manufacturée dans leurs propres maisons et portaient une chemise tissée de lin récolté sur leurs terres. Dans leurs pieds ils avaient des bottes de cuir tanné ; un chapeau de feutre ou une tuque de laine leur servait de coiffure. On écoutait le conseil donné par Papineau de n’employer que des étoffes du pays.

Ces vêtements faits sans art abritaient un courage à toute épreuve et une énergie indomptable.

À leur arrivée Duval alla au-devant de Luc Bourdages qui marchait le premier et lui dit :

— Vous savez sans doute pourquoi on vous réunit ?