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les mystères de montréal

— C’est peut-être dans le vin, dit-il.

De Courval avait la tête basse et pensait. Il dit alors à ses compagnons.

— Que ce soit dans le vin ou dans la soupe, j’ai fini de manger pour ce soir… Cependant, que cela ne vous empêche pas de continuer… Mais, pardon de vous avoir interrompu, monsieur Braun, nous étions à parler de votre belle-sœur qui ne veut pas se marier.

— Si elle ne veut pas se marier de bon gré, elle se mariera de force, répondit Braun. Laissez faire, viendra un jour où je lui imposerai un candidat de mon choix et elle n’aura pas à le refuser.

— Puis-je être ce candidat ! murmura Verreau.

— Je vous ai dit tantôt, monsieur Braun, que je connaissais cette histoire du Marie-Céleste. Je n’aurais pas du dire cela ; j’ai entendu prononcer ce nom bien souvent, mais je n’ai pas l’histoire présente à la mémoire, fit de Courval.

— La voici en deux mots. Il y a trois ans le Marie-Céleste partait de Montréal en route pour l’Italie. Un mois après, ce navire a été rencontré en mer allant à la dérive. L’équipage manquait, ainsi qu’une dame espagnole et son fils de six ans qui avaient pris passage à bord du navire. Fait mystérieux ; rien n’était dérangé ni ne manquait à bord, pas même une des chaloupes ordinaires du brick… Depuis on n’a pas entendu parler de l’équipage… qu’est-il devenu ?…

En entendant cette question posée sans dessein, l’émotion du banquier parut être à son paroxysme.