Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
les mystères de montréal

marins qui sillonnaient le pont à la course et qui se bousculaient pour monter dans les mâts.

Hawthorne était sur le gaillard d’avant, donnant des ordres d’une voix brève ; Turcotte faisait la même chose sur le gaillard d’arrière.

Les matelots déclaraient n’avoir jamais eu une chaleur aussi suffocante. Ils respiraient dans un atmosphère de souffre.

La mer était calme comme de l’huile : pas une petite brise n’en ridait la surface.

Vingt minutes s’écoulèrent dans ce calme inquiétant.

Tout-à-coup il s’éleva un vent qui fit craquer le navire et faillit le renverser sur son tribord. Le nuage creva et il en tomba une nappe d’eau.

En moins d’une minute la mer fut terrible. Des montagnes d’eau portaient le Scotland jusqu’aux nués et le rejetaient ensuite dans des abîmes sans fonds. L’équipage et les passagers se cramponnaient aux bastingages pour ne pas être emportés par les vagues qui balayaient le pont.

— Amenez les haubans ! cria le capitaine.

— Amenez les haubans ! répéta Turcotte.

On n’eut pas le temps d’exécuter cet ordre.

Un craquement épouvantable se fit entendre… Le navire venait de toucher et sombrait.

On distinguait la côte à deux milles, mais elle était inhabitée et il n’y avait personne pour porter secours aux naufragés.