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les mystères de montréal

regarda quel numéro portait la maison dont la façade était éclairée par un réverbère.

— 111, dit-il, bah, j’arrive…

Il se remit en marche d’un pas alerte, en sifflant entre ses dents qui claquaient, transies par le froid, un air inconnu dans le pays. C’était donc un étranger.

En 1845, sur la rue Bonaventure, les maisons étaient plus éloignées les unes des autres qu’aujourd’hui. La distance entre les numéros 111 et 127 était de deux arpents dans le moins. La rue était boueuse et ce n’était qu’avec précaution et en tâtant du pied qu’on avançait sur les trottoirs étroits, faits avec des planches mal jointes et pourries par un long service.

À chaque maison que l’étranger rencontrait il s’arrêtait et cherchait le numéro.

Après avoir traversé la rue de la Montagne il arriva en face du numéro 125.

— C’est l’autre maison, dit-il.

En effet deux minutes après, il se trouvait sur le perron de la magnifique résidence de celui qu’on appelait du nom pompeux de banquier de Courval.

Ayant tiré sur la sonnette il entendit un tintamarre résonner en dedans de la maison, et un domestique vint ouvrir.

— Le banquier de Courval est-il ici ? demanda l’homme mal vêtu.

— Oui, mais vous ne pouvez pas le voir, répondit le domestique, en voyant à qui il avait affaire.