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CHAPITRE III

rancune !


Paul n’était pas tranquille. Il dit à Matthieu Duval :

— Charles Gagnon ne se joint pas aux patriotes, vous savez.

— Mais n’est-il pas des nôtres ? demanda le notaire.

— Non, et cela est d’autant plus regrettable qu’il nous serait d’une grande utilité vu son activité et son savoir faire.

— Les Gagnon sont pourtant patriotes.

— Oui, c’est vrai…

Eh bien ?

— Charles a pour moi, depuis quelque temps, une haine absurde et mal fondée. Je crois que c’est pour ne pas avoir à combattre à mes côtés qu’il ne se joint pas à nous.

— Écoute, mon Paul, reprit Duval, après un instant de silence, que tu aies raison ou tort, dans cette petite chicane d’amoureux, si laide à voir, je te conseillerais d’aller demander pardon à ton adversaire. Sacrifie sur l’autel de la patrie ces petites inimitiés.

— Vous avez raison… J’y ai pensé cette nuit. Ce n’est pas le temps de jouer à qui ne se parlera pas le premier. Je vais aller tendre la main à mon rival.

Paul joignit l’action à la parole et quitta son chef.

Le magasin des Gagnon n’était qu’à un arpent de là.