Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
386
les mystères de montréal

propres pensées pour remarquer les émotions auxquelles l’ami de son beau-frère était en proie.

Un silence suivit la dernière phrase du banquier.

Madame Braun était sortie du salon et les deux personnes étaient seules, ne sachant pas que la cause de leur trouble était le même passé.

Charles Gagnon pensa que le temps était propice pour faire sa demande.

S’approchant de Jeanne, il lui dit d’un air jovial :

— Je ne vous surprendrai pas, mademoiselle, en disant que je suis venu ce soir pour demander votre main.

— Ma main ! répondit la jeune fille sur le même ton, et en se redressant, ma main !

— Oui, mademoiselle… vous m’avez plu : mes visites assidues le prouvent… Je vous aime d’un amour qui…

— Monsieur de Courval, interrompit froidement Jeanne, en changeant subitement de ton, ignorez-vous que je suis engagée ?

— Les fiançailles ne s’étendent pas au-delà du tombeau.

— Vous voulez dire…

— Que celui que vous avez juré d’épouser n’est plus au nombre des vivants.

— Et qui vous le dit ?

— À vous comme à moi, mademoiselle, le bon sens.

— Dans ce cas-ci, permettez-moi de vous le dire, le bon sens n’est pas en accord avec l’expérience.