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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/395

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les mystères de montréal

Braun rentra chez lui d’un pas nerveux, chancelant.

Il dit machinalement en tendant son chapeau à Jeanne, qui vint à sa rencontre :

— Monsieur de Courval m’a chargé de le rappeler à votre mémoire. Il présente aussi ses respects à votre sœur.

— Merci beaucoup, répondit la fiancée du patriote. Le banquier nous honore en pensant à nous.

L’homme ruiné passa dans son cabinet de travail et revit, les uns après les autres, ses contrats avec la maison Donalson.

Sa figure devenait pâle comme du marbre pour être une seconde après rouge écarlate. Sur cette physionomie troublée on eut pu étudier les angoisses qui tourmentaient la malheureuse victime de la Bourse.

Au milieu de ce naufrage une planche de salut s’offrait à lui. Ce bon monsieur de Courval lui tendait la main. Grâce à sa fortune, il pouvait le tirer de ce mauvais pas.

Braun passa une nuit très agitée.

Le lendemain matin il se rendit au bureau de son ami.

— Vous avez bien perdu, fit ce dernier, en le voyant entrer.

— Je suis ruiné !…

— Ce sont là les hasards de la bourse, mon ami.

— Oui… et hier John Saunders, de New-York, doit s’être réjoui… À l’heure où l’on me fuyait, à la sortie de la Bourse, on devait boire à sa santé…