Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
les mystères de montréal

toi, Paul, ta tête qu’on a mise à prix, difficile de la trouver par ce temps-là, n’est-ce pas ?…

Tant mieux, répondit le fiancé de Jeanne Duval sur un ton distrait, qu’on ne la trouve jamais ni la nuit, ni le jour…

Quelques patriotes se laissaient aller au sommeil : d’autres causaient avec animation, allaient allumer leurs pipes près du poêle et regardaient par la fenêtre pour voir s’il y avait du nouveau au dehors.

Roch Millaut arpentait la chambre d’un pas fiévreux et regardait souvent l’heure.

Ce fut ainsi que se passa cette soirée. Vers onze heures, Duval entra précipitamment et dit en se laissant tomber les bras comme un homme découragé :

— Nous sommes trahis ! Roch s’est parjuré !

Les Habits-Rouges avaient pénétré dans le village mais par l’autre extrémité et à présent ils cernaient la maison, tenant prisonniers une centaine de patriotes.

Le truc avait été préparé d’avance et Millaut s’était fait l’agent des Anglais.

La première pensée de Paul Turcotte fut de s’élancer sur le traître pour lui infliger sur-le-champ le châtiment dû à son crime, mais il le vit qui se sauvait par la fenêtre.

Il ne survécut point à sa trahison. Des hommes du dehors, croyant avoir affaire à un patriote, le reçurent à coups de baïonnettes.

En même temps un boulet lancé par les Habits-Rouges, brisa la porte de la maison de Turcotte et y mit le