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CHAPITRE VI

Patriotisme et déloyauté.


Lorsque le jour se leva une grande désolation régnait par tout le pays. Aussi loin que la vue pouvait s’étendre, on ne voyait que des ruines fumantes.

Les troupes après avoir promené leurs torches incendiaires dans le village s’étaient retirées dans la maison des demoiselles Darnicourt, la seule épargnée en reconnaissance de l’hospitalité que ces demoiselles avaient accordée à des militaires anglais blessés dans l’engagement du vingt-trois novembre.

Gore et ses officiers avaient établi leurs quartiers généraux dans cette maison, après en avoir chassé les occupantes, et les soldats campaient aux alentours.

Le jour filtrait à peine à travers la fenêtre de la chambre du colonel Gore quand un homme entra. Sa tuque de laine était rabattue sur ses yeux et lui cachait la partie supérieure de la figure ; de plus il portait un grand pardessus d’étoffe qui lui descendait en bas des genoux et dont le collet était relevé.

Cet individu était difficile à reconnaître et, s’il eut voulu se déguiser, il n’eut pas mieux fait.

Quand il fut seul avec Gore, il releva sa tuque. Alors on eut pu reconnaître la figure hypocrite de Charles Gagnon. Il était bouleversé et une forte émotion était peinte sur ses traits.