Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
les mystères de montréal

plus vilain rôle ne sont pas les Anglais, mais les bureaucrates, acharnés comme ils le sont à nous harceler. Que les Habits-Rouges obéissent à Colborne : qu’ils incendient nos maisons ; cela se conçoit : ils sont commandés par l’autorité. Mais que des Canadiens-français, des compatriotes — qui doivent au moins rester neutres — nous combattent, nous trahissent, cela est monstrueux, et les bureaucrates sont nos véritables ennemis… Aussi dans l’intérêt de la cause, devons-nous nous prémunir contre leur esprit de bassesse… Ils sont capables de tout ces gens-là avec leur fanatisme bête… Essayez à leur faire comprendre qu’ils jouent un rôle choquant et que les Anglais même les méprisent : ils ne se rendront pas à l’évidence. Mais Dieu merci, ce ne sont pas les habitants intelligents qui se conduisent ainsi. Par exemple y a-t-il rien de plus imbécile que ce Guillet :

— Aussi, il en fait de belles : les Habits-Rouges lui font faire ce qu’ils veulent, quittes à le payer en promesses.

— Ah oui, les promesses ; il ne connaît pas encore cela lui. Il y a longtemps que ce gouvernement de paille en fait aux Canadiens-français. Elles s’éterniseront…

— À moins que les rôles changent, dit Nelson, et que nous devenions les maîtres, obligés à notre tour d’assommer de promesses ces gens-là ! Ça ne serait pas si mal.

— Ça ne serait pas impossible ; cependant avec ces