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les mystères de montréal

se l’était pas laissé demander deux fois. Il avait serré la main de cet homme qui lui apparaissait comme un libérateur, en disant : « Je suis des vôtres, monsieur. »

Cependant une grande question obsédait la ligue des patriotes : les armes manquaient. Que d’obstacles se résumaient dans ces deux mots : « Point d’armes. »

Les recrutés étaient au nombre de deux mille et ils n’avaient à leur disposition que cent fusils.

Il y avait à cette époque, deux hommes dans la ligue des patriotes, deux médecins que nous nommerons ici sous de faux noms, ne voulant pas tirer de l’oubli leurs aventures louches.

Poitras et Galarneau, hommes très instruits, assez expérimentés, influents, après s’être joints aux chefs patriotes recrutèrent à eux seuls mille jeunes gens bouillonnant de colère à la vue des injustices dont les canadiens-français étaient les victimes.

Ces deux hommes disaient :

— Nous avons commandé quatre mille fusils qui arriveront à temps.

— Oh alors, répondaient les patriotes, avec des fusils, c’est bien, mais si vous n’avez pas de fusils à nous donner nous n’irons pas nous faire écorcher comme des moutons.

Mais les fusils commandés n’arrivaient jamais. Duval et Nelson s’en informaient-ils, il leur était répondu :

— On les aura à temps, soyez tranquilles.