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les mystères de montréal

tation de l’inquiétude. Il ne paraissait pas aller avec assurance dans ce qu’il faisait ce matin-là.

— C’est mille hommes que vous avez ? continua-t-il.

— Oui, monsieur.

— Alors il faut que vous les conduisiez à la chapelle d’Odelltown pour demain soir. Pour cela il vous faut partir demain de grand matin… Les autres patriotes seront sur votre chemin… ils vous attendent.

Quelques minutes après ce dialogue Poutré rencontra Paul Turcotte et lui dit :

— Ton notaire est soucieux, ce matin, ne trouves-tu pas ?

— Oui, il attendait les fusils cette nuit… ils ne sont pas arrivés et cela le taquine.

Le lendemain matin Poutré partit avec ses mille recrues.

— Mes amis, leur dit-il, nous sommes sans fusils mais on dit que nous en aurons à Odelltown.

Ce fut ainsi que les patriotes se mirent en route. S’ils avaient su que les armes manquaient, ils n’auraient jamais bougé, ne tenant pas à se faire tuer impunément.

Ils entrèrent dans Odelltown par la troisième concession. Turcotte les attendait. Poutré lui ayant demandé si les quatre mille fusils étaient arrivés, il répondit :

— Non ; Poitras et Galarneau ont été trompés…

Poutré, ayant pris à l’écart le lieutenant de Duval lui dit :