et détruites, tout le territoire fut divisé en peuplades diverses de langage, de lois et de mœurs. Cependant au sein de ce chaos vivaient des éléments de la civilisation nouvelle. Le premier pas vers un ordre de choses politiques meilleur fut l’établissement de l’unité administrative tenté par Charlemagne ; mais l’ordre que l’empereur avait créé disparut avec lui. Telle était la déplorable situation dans laquelle la barbarie des mœurs et l’anarchie avaient jeté la France, qu’on peut considérer comme un progrès l’établissement de ces petites souverainetés qui surgirent sur tous les points en l’absence d’une autorité centrale, et qui furent les éléments du système féodal.
24. Le système féodal était un progrès, car il établissait un peu d’ordre au milieu du désordre ; mais, d’un autre côté, il augmentait le morcellement du pays, en organisant une foule de petits États indépendants les uns des autres ; il couvrait le sol de despotes qui se prétendaient les propriétaires des biens et des personnes ; il donnait lieu à des guerres intérieures de province à province, de seigneurie à seigneurie, et nuisait ainsi au développement intellectuel, industriel et agricole.
25. Le clergé, riche et nombreux, exerçant par la supériorité de ses lumières et par l’influence que donne la religion un empire bien légitime dans des temps de barbarie, avait sa législation préférable à toutes les lois grossières, à tous les usages tyranniques de cette époque ; il avait aussi ses juges plus éclairés que ceux des seigneurs, une procédure intelligente : il était donc naturel que ses tribunaux fussent préférés aux juges séculiers trop souvent ignorants ou corrompus.
Ainsi le morcellement était partout, dans le territoire, puisque la France n’était qu’une agglomération