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raissant sous un étrange fardeau. La pauvre femme avait assisté le matin à la préparation de notre récolte, et pensant bien faire, était allée fourrager à notre intention dans les jardins voisins. Elle avait coupé Pelargoniums et Nigelles, Campanules et Héliotropes, et s’était embarrassée d’un pied de Lavatère haut de deux mètres garni d’innombrables corolles roses. Toute joyeuse elle venait nous offrir cette gerbe épanouie et parfumée, protestant en patois corse de notre caprice d’aller chercher bien loin de vilaines herbes alors qu’on trouvait tout proche d’aussi belles fleurs !

On eut beaucoup de peine à lui persuader que les plantes des montagnes avaient aussi pour nous de l’intérêt. Mais elle resta quand même fort désappointée, jugeant sans doute, comme la plupart de ses compatriotes, que les continentaux sont tous un peu fous.

Au-dessus du couvent de Serviti s’étend une pente très raide au bas de laquelle, au bord de la route, croissent en abondance Bellis perennis L., Hyoscyamus niger L. et Onopordon acaule L. Il fallut la gravir, pour éviter un long contour, à travers un maquis de Cistes nains où rien n’attire l’attention du botaniste. En rejoignant le chemin, à quatre-vingts mètres environ plus haut, ou peut voir le parapet garni, dans les interstices des pierres, de jolies touffes de Parietaria Lusitanica Viv.

Nous nous élevions toujours, et peu à peu se découvrait vers l’ouest le magnifique panorama de la Basse Balagne qu’on aperçoit ici presque tout entière, de San-Antonio à Lozari, où l’horizon se confond avec la mer. Du haut du col d’Alzella (environ 430 mètres) le contraste est frappant entre les deux régions que