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De Corté à la Solenzara. — 27 mai.


La ville de Corté n’a rien par soi-même qui séduise le voyageur, comme Bastia ou Calvi. Loin de la mer, enfermée dans un horizon étroit de montagnes, sous un ciel moins doux, elle ne rachète même pas ces désavantages par l’animation de son quartier neuf ou l’attrait de ses monuments. Notre court séjour dans ses murs, où nous avons d’ailleurs payé fort cher un confortable… des plus médiocres, nous fait peut-être porter un jugement téméraire, mais sans le réel intérêt de ses environs, nous eussions quitté plus promptement encore ses rues étroites et montueuses, ses maisons mornes et souvent délabrées, d’où s’exhale le soir, comme dans les vieux faubourgs populeux, un tout autre parfum que celui de l’oranger.

La route de Ghisoni ne nous sembla pas praticable à cause de la longueur du trajet que nous aurions été obliges de faire à pied, et du temps que nous aurions perdu en suivant la vallée du Fiumorbo à une époque encore trop peu favorable ; il était préférable de reprendre le chemin de fer et de nous rendre à la Solenzara, où nous avions décidé de passer quelques heures, sur les instances de M. Pieri, professeur au lycée de Rochefort (Charente-Inférieure) qui avait bien voulu nous munir d’une lettre de recommandation à l’adresse de son beau-frère, propriétaire dans cette localité.

Nous suivîmes donc en sens inverse le même parcours que le 21 mai jusqu’à la station de Cazamozza où la ligne se bifurque pour se diriger vers le sud. La côte offre constamment un aspect uniforme jusqu’à