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APPENDICE.

assurer la succession à leur jeune frère puîné. Les quatre princes emmenèrent leurs propres sœurs avec eux, et accompagnés d’une grande multitude ils quittèrent Pôtala, se dirigèrent vers l’Himâlaya, et arrivèrent sur les bords de la rivière Bhagirathî, où ils s’établirent dans le voisinage du Rĭchi Kapila, vivant dans des huttes faites de branches d’arbres. Ils se nourrissaient de leur chasse, et visitaient quelquefois l’ermitage du Rĭchi Kapila. Celui-ci voyant qu’ils avaient très-mauvaise mine, leur demanda pourquoi ils étaient si pâles. Ils lui exposèrent alors combien ils souffraient de la continence forcée dans laquelle ils vivaient. Le Rĭchi leur conseilla de prendre pour femmes celles de leurs sœurs qui n’étaient pas nées de la même mère qu’eux. Ô grand Rĭchi, dirent-ils alors, cela nous serait-il permis ? Oui, seigneurs, leur répondit le Rĭchi ; des princes bannis peuvent agir de cette manière. Ainsi, se réglant d’après la décision du Rĭchi, ils cohabitèrent avec leurs sœurs qui n’étaient pas de la même mère qu’eux, et en eurent beaucoup d’enfants. Le bruit que faisaient ces enfants interrompait le Rĭchi dans ses méditations, et il désira aller habiter autre part. Cependant ils le prièrent de rester où il était, et de leur indiquer un autre emplacement pour y vivre. Le Rĭchi leur montra alors l’endroit où ils devaient bâtir une ville ; et comme le sol leur avait été donné par Kapila, ils appelèrent cette ville Kapilavastou (sol de Kapila ou le sol du jaune). Leur nombre ayant augmenté considérablement, les dieux leur indiquèrent une autre place où ils bâtirent une ville qu’ils appelèrent Lhas bstan (montrée par un dieu).

Se rappelant la cause de leur bannissement, ils firent une loi d’après laquelle aucun d’eux ne devait épouser une seconde femme de la même tribu, et devait se contenter d’une seule épouse.

À Pôtala, le roi Ikchvakou Virouṭaka se ressouvenant un jour qu’il avait quatre fils, demanda à ses officiers ce qu’ils étaient devenus. Ils lui répondirent que pour quelque faute il les avait lui-même expulsés du pays, qu’ils s’étaient établis dans le voisinage de l’Himalaya, qu’ils avaient pris leurs propres sœurs pour épouses, et qu’ils s’étaient considérablement multipliés. Le roi très-surpris de ce récit, s’écria plusieurs fois : Çâkya ! Çâkya ! (est-il possible ! est-il possible !) Après la mort d’Ikchvakou Virouṭaka, son fils cadet lui succéda. Étant mort sans enfants, les princes bannis héritèrent successivement de lui. Les trois premiers n’avaient pas de descendants.