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§ i. — Les monuments à identifier.

Dans notre souci de ne nous servir que de documents incontestablement indiens, nous commencerons par écarter les productions de l’art dit « gréco-bouddhique », qui florissait aux premiers siècles de notre ère sur les confins nord-ouest du Penjâb. Encore qu’il faille, selon toute vraisemblance, attribuer à cette école les premiers essais conscients de l’iconographie bouddhique et jusqu’à l’initiative de sa création, les influences étrangères y prédominent à ce point qu’il est préférable, pour couper court à toute discussion, de la laisser complètement en dehors de cette étude[1]. Si nous négligeons de propos délibéré les prototypes des images proprement indiennes, à plus forte raison en ferons-nous autant de leurs copies singhalaises, indo-chinoises ou tibétaines, si voisines qu’elles soient. C’est dire que nous ne sortirons pas du bassin du Gange et du Dekhan. Dans le champ ainsi délimité nous nous attacherons enfin à une époque déterminée de l’art bouddhique. Il va de soi que nous n’avons rien à faire avec la vieille sculpture religieuse, si riche en symboles mais si pauvre en idoles, que nous ont révélée les ruines des stupas de Bharhut, de Sânchi et d’Amarâvati. Nous ne prétendons pas d’ailleurs remonter aussi haut : nous bornerons notre examen à ce qu’on pourrait appeler l’art bouddhique indien du moyen âge. Les monuments figurés qui nous intéressent tout spécialement sont ceux dont l’Inde s’est couverte pendant la période médiévale de son histoire, entre les invasions scythiques et la conquête musulmane, du IVe au XIe siècle. En d’autres termes ce sont ceux dont les pèlerins chinois, de Fa-hien à Ou-k’ong, nous entretiennent dans leurs mémoires,

  1. On trouvera la question de l’origine occidentale du Panthéon bouddhique discutée à propos du livre de M. A. Grünwedel, Buddhistische Kunst in Indien dans la Revue de l’histoire des Religions (nov.-déc. 1894).