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ticulier au Bengale. À quatre cents lieues de là, vous retrouverez une des grottes bouddhiques voisines de Nâsik transformée de même en un sanctuaire des Pâṇḍavas. Les brahmanes du lieu se sont, là aussi, appliqués à varier les dénominations des uniformes statues de Buddhas : barbouillées de bleu ou de rouge, elles s’appellent tour à tour Indra, Sùrya, Candra, Râma, etc., pour répondre aux diverses prédilections des dévots qui y viennent toujours en pèlerinage[1]. Dans un autre coin de l’Inde, nous avons encore vu les rares habitants hindous de Râjar, l’une des huit villes du pays de Hashtnagar, dans le district de Peshavar, empressés à vénérer sous le nom de Dévî une statue du Buddha recouverte de quelques oripeaux rouges. Mais le fait est déjà trop connu pour qu’il soit besoin de multiplier ces exemples : devant les images bouddhiques nous n’avons aucun renseignement digne de confiance à attendre des Hindous actuels[2].

La tradition s’étant ainsi irrémédiablement perdue dans l’Inde, force fut de se tourner vers les pays où le Bouddhisme était demeuré vivant. On s’adressa tout naturellement aux peuples chez qui la mythologie bouddhique avait continué de fleurir, c’est-à-dire, selon l’expression consacrée, aux bouddhistes du Nord, de préférence à ceux du Sud. C’est ainsi qu’on fut amené à chercher des informations sur l’iconographie indienne dans des recueils de l’aspect le plus inattendu, tels que — pour citer seulement les publications

  1. Nous parlons des « Lena caves », à environ six kilomètres de Nàsik, au-dessus de la route de Bombay. Entre tous les noms de statues que nous avons recueillis de la bouche des purohitas de l’endroit, seuls ceux de Karuṇadeva et de Gotama-ṛṣi (Cave II) gardent comme un dernier parfum de Bouddhisme. Il n’est pas jusqu’aux stûpas qui ne deviennent tantôt la massue de Bhìma (Cave XVIII) tantôt une image de Dévî (Cave III).
  2. Cela est vrai non seulement des gens du peuple et des ignorants purohitas, mais encore des paṇḍits ou lettrés. La meilleure preuve on est la façon dont Ràj. Mitra, dans son Buddha-Gayà, patauge désespérément dès qu’il essaye d’identifier une statue, alors qu’on eût pu croire que sa qualité d’hindou lui donnerait des lumières spéciales sur ce sujet.