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la distinction générale entre les images des Buddhas et celles des Bodhisattvas est chose depuis longtemps faite, mais encore ils ont pu désigner nommément quelques-uns de ces derniers. Les images d'Avalokiteçvara par exemple, et celles de Tara sont couramment identifiées par eux. Entre tous les documents extra-indiens dont ils se sont servi il y a d'ailleurs des distinctions à faire : si l'on se délie ajuste titre de la libre fantaisie des artistes japonais, on peut, avec M. L. Waddell, témoigner plus de confiance dans la tradition stéréotypée des Lâmas tibétains[1]. Il n'en reste pas moins que les indianistes doivent user avec la plus grande circonspection de ces sources étrangères. Chez des peuples d'un génie aussi différent, plus d'une erreur a pu se glisser et plus d'une lacune se produire dans l'interprétation des monuments jadis importés de l'Inde et transformés depuis à plaisir. Une analogie tibétaine est certainement une très utile amorce pour nos recherches : encore aurait-elle besoin d'être corroborée par des données plus anciennes, plus indiennes surtout. C'est une série, non encore exploitée, de ces documents strictement indigènes que nous voudrions justement introduire dans le débat. Nous y trouverons, hâtons-nous de le dire, non point le renversement, mais bien la justification nécessaire des brillantes hypothèses déjà proposées sur la foi de rapprochements moins sûrs. Ils nous fourniront également les moyens d'établir quelques identifications nouvelles. Avant tout nous désirons qu'il soit bien entendu que nos prétentions ne vont pas le moins du monde à renouveler, mais seulement à confirmer et, dans la mesure du possible, à compléter ce que les auteurs cités plus

  1. C'est encore le témoignage d'un làma contemporain qui a servi à identifier assez correctement la stèle du Magadha publiée par M. G. Grierson (J. B. A. S., 1894), sauf deux erreurs de détail déjà relevées par M. Th. Bloch dans l'article cité plus haut, p. 7, n° 3. — Nous aurons nous-mêmes plus d'une fois l'occasion de faire des rapprochements entre les images indiennes et celles de la Haute-Asie, mais seulement à titre d'argument accessoire.