ce qui nous est raconté : « Alors qu’elle était tombée entre les mains de gens sans foi, — elle, la mère sans pareille de l’Omniscient, elle qui, un jour viendra, jour de joie, dissipera l’amas des ténèbres de toute ignorance, la Prajñâpâramitâ, — moi, Karuṇâvajra, ayant prosterné par piété ma tête que la foi incline, je l’ai sauvée ! ». Et toujours avec le même pathos Karuṇâvajra, puisque tel était son nom, ajoute le souhait généreux, mais banal à force d’être répété dans les formules bouddhiques, qu’en vertu du mérite ainsi acquis, toutes les créatures puissent, son père et sa mère en tête, parvenir à la condition de Buddha :
Samvatsare gatavati dvitaye çatasya
Pañcâçatâ parigate navamâñcitena,
ÇrîKarttike Çaçikarârcitapañcame ’ hni
ÇrîMânadevanṛpater vijaye ca râjye,
Çraddâhînajanasya hastapatitâ Sarvajñamâtâparâ
Sarvâjñânamahândhakâravisaracchetrî bhavitrî mude
Prajnâpâramitâ mayâtra Karuṇâpurveṇa Vajreṇa sâ
Çraddhâbandhurakandhareṇa çirasâ bhaktyâ praṇamyoddhṛtâ.
Yat prâptam atra kuçalaṃ çaradindukânti-
Saubhâgyahâribhavadustarasâgarânta…
Magnâs Tathâgatapadaṃ paramapraçântaṃ
Mâtâpitṛpramukhasarvajanâḥ prayântu[1].
Quels étaient ces infidèles ? M. C. Bendall suggère que c’étaient des musulmans : mais des incursions musulmanes au Népâl — et cela dès avant 1139 — semblent bien difficiles à admettre : le texte ne parle pas d’ailleurs de Mlecchas. Peut-être vaut-il mieux supposer que le manuscrit était sim-
- ↑ Au dernier vers °janâḥ est une correction de M. C. Bendall pour °jânâḥ. La première et la troisième stances sont en mètre vasantatilaka et la seconde en çârdulavikriḍita.
tement la même date 259 et le nom du même roi Mânadeva (A journey in Nepal, p. 81).