Page:Foucher - La Vie du Bouddha, 1949.djvu/110

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seulement à démontrer, comme on dit en mathématiques, que la réciproque est vraie ; et cette démonstration, nous l’emprunterons directement à l’auteur qui nous a le plus souvent servi de guide. Assurément les prétentions à l’originalité du rédacteur du Lalita-vistara ne sont pas minces, et volontiers il nous ferait accroire qu’il écrit sous la dictée même du Bouddha une sorte d’autobiographie de son maître ; mais, à notre grand regret, ses sources ordinaires sont beaucoup moins authentiques, et il a beau se surveiller, il ne peut dissimuler à un lecteur attentif où il a en fait puisé l’essentiel de ses peu cohérents récits. Feuilletons en effet son ouvrage côte à côte avec la relation de Hiuan-tsang et comparons :

Si-yu-ki, trad. Stan. JulienI. Lalita-vistara, éd. Lefmann
a) Épisode du jet de l’éléphant (cf. supra, p. 85).
P. 314. À l’endroit où tomba l’éléphant il se forma une fosse profonde que, depuis cette époque, la tradition populaire a continué d’appeler la « Fosse-de-l’éléphant ». P. 145. Et à l’endroit où tomba l’éléphant, en cet endroit il se fit un grand trou qui présentement s’appelle le « Trou-de-l’éléphant ».
b) Épisode du tir à l’arc (cf. supra, p. 84).
P. 322. (Ce fut en cet endroit que) la flèche (du prince) tomba sur la terre et s’y en fonça jusqu’à la plume. Elle fit jaillir un courant d’eau pure que la tradition populaire a continué d’appeler « la Source de la Flèche ». P. 155. Et au lieu où la flèche du prince fendit la terre et s’y enfonça, en ce lieu se produisit un puits qui, aujourd’hui encore, s’appelle « le Puits-de-la-Flèche ».
c) Épisode des adieux (cf. supra, p. 106).
P. 329. Ce fut en cet endroit que le prince royal ôta ses vêtements précieux et ordonna à son cocher de s’en retourner, etc. P. 225. Aujourd’hui encore le sanctuaire bâti à cette place est connu sous le nom de « Retour de Tchandaka », etc.

On le voit, le bout de l’oreille perce toujours par quelque endroit, et le simple rapprochement de ces passages qu’on pourrait multiplier à plaisir suffit à dénoncer clairement ce que prétendait nous cacher notre auteur sous un étalage de souvenirs mis dans la bouche du Maître. Évidemment, s’il n’a pas fait lui-même la tournée du pèlerinage de Kapilavastou, il a eu entre les mains un de ces manuels, toujours si nombreux dans l’Inde, qui décrivent et exaltent à l’usage des pélerins les miracles et les vertus des